Artisan central du renouveau viti-vinicole des vins vaudois, Louis-Philippe Bovard est propriétaire-encaveur du Domaine Louis Bovard, un des plus importants de Lavaux. La rédaction de Vignes et Vergers a pu le rencontrer à la Maison Rose de Cully (VD). Il nous a parlé de sa vision de la viticulture, du vin et de son marché – et des façons originales et novatrices dont il les a abordés au cours de sa longue carrière.

TEXTE: NICOLAS MESSIEUX ET EDMÉE REMBAULT, PHOTOS: N. MESSIEUX / AMTRA

L’ORIGINALITÉ AU CŒUR DE TOUT

Louis-Philippe Bovard, qui fêtait ce printemps ses 90 ans, a sans cesse été différent des autres. S’il est la 14ème génération de Bovard, si son père était vigneron et négociant, il est lui-même venu tard au métier, en 1983. Avant cela, il a étudié le droit, HEC et criminologie, a été pendant 10 ans direc- teur de l’Office des vins vaudois et directeur du Comptoir suisse également durant une décennie. Il a lancé le projet de Musée vaudois de la vigne et du vin au Château d’Aigle en 1969. En 1983, son père, Louis, a divisé l’entreprise en deux : les vignes sont allées à Antoine, le frère de Louis-Philippe, tandis que lui gardait le Domaine Louis Bovard et quelques terres – avec un accord que son frère lui livrerait son raisin pendant 20 ans. Il a constitué son domaine petit à petit, au fur et à mesure des rachats. Il exploite aujourd’hui 6 hec- tares en propre et 6 hectares en fermage. Il rappelle que ces achats ont pu être parfois très coûteux – jusqu’à 150 francs par m2.
Il a compensé son arrivée tardive dans la branche en multipliant les choix originaux et risqués dans tous les domaines, au sein du monde assez conservateur de Lavaux, synonyme d’excellence à tous les niveaux [voir notre interview de Vincent Bailly dans Vignes et Vergers 09/2024]. Encore aujourd’hui, son discours reste vif voire révolutionnaire quand il parle des conservatismes en place et du manque parfois d’ambition à se renouveler chez certains producteurs, en particulier dans le Chasselas.

LA QUÊTE DE L’ACIDITÉ

Ce qui fait l’originalité de la production de...