Le Dr Pierre-Henri Dubuis est chercheur à Agroscope-Changins (Nyon, VD), où il travaille plus particulièrement sur les maladies cryptogamiques de la vigne. À la suite de son intervention sur les produits phytosanitaires lors d’AgroVina 2024 (Martigny, VS), il nous a accordé une interview pour nous parler plus en détails du cuivre en protection phytosanitaire pour la vigne.
PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS MESSIEUX
Pierre-Henri Dubuis, quel est l’avantage du cuivre ?
Le cuivre est l’un des premiers fongicides à avoir été employé, dès les années 1890. C’est un métal actif, qui agit en particulier contre les champignons et les bactéries. En quantités importantes, il a une certaine toxicité pour tous les organismes mais la vigne y est peu sensible. L’avantage décisif du cuivre est qu’il a une action multisite [NDLR : sur plusieurs fonctions physiologiques] sur les champignons – dont le mildiou – et n’est donc pas l’objet de résistances.
Le cuivre n’est pas curatif, mais agit au contact des spores en limitant les possibilités d’infections. Une fois que le mildiou est dans les feuilles, le cuivre ne sert plus à rien. Le cuivre doit être épandu avant une pluie pour être efficace car le mildiou est particulièrement favorisé dans sa croissance et sa propagation par l’humidité et la pluie en particulier.
Il y a une volonté politique de réduire l’utilisation de cuivre…
Le cuivre est classé par l’UE et la Suisse dans la liste des candidats à substitution, des phytosanitaires problématiques que l’on souhaite à terme retirer ou remplacer et évidemment dans l’intervalle réduire [NDLR : voir aussi le résumé de l’intervention de Pierre-Henri Dubuis à AgroVina 2024 dans Vignes et Vergers 04/2024].
En Suisse, le cuivre est inclus dans la liste des substances touchées par le Plan de réduction du risque des produits phytosanitaires, au chapitre des matières actives à risque de toxicité...