l’irrigation de la vigne : une nécessité dans certains terroirs

L’irrigation de la vigne : une nécessité dans certains terroirs

Domaine expérimental du domaine Lafage, Roussillon, France. La réalisation de fosses pédologiques et de profils racinaires est indispensable pour l’analyse des essais sur les amendements organiques «biochar + compost» (à gauche) ou sur l’irrigation de conservation (à droite). Photos : Deloire A. & Marty P.

 

PASCAL MARTY, CONSULTANT EN VITICULTURE, ANTOINE LESPÈS, DOMAINE LAFAGE
ANNE PELLEGRINO, UMR LEPSE-ETAP (INRAE), UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER, INSTITUT AGRO MONTPELLIER
ALAIN DELOIRE, UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER, INSTITUT AGRO MONTPELLIER (RETRAITÉ ; CONSULTANT EN VITICULTURE)

 

L’eau est une ressource indispensable à la production agricole. La viticulture et l’arboriculture ne font pas exception. Dans le cadre de l’évolution du climat, la majorité des régions agricoles subissent des périodes de contraintes hydriques, voire de stress hydrique, associées à une augmentation globale des températures et à des stress thermiques. La distribution et l’intensité des pluies sont modifiées avec des orages plus fréquents en automne et une diminution de la pluviométrie sur le cycle cultural. Les cultures pérennes sont ainsi confrontées à une plus faible disponibilité en eau dans les sols dès le début de leur croissance au printemps et tout au long de leur cycle de développement jusqu’à la récolte, alors que la demande climatique est supérieure. Cela affecte à la fois la pérennité des cultures de plantes ligneuses, la rentabilité des exploitations et la qualité des produits.

Dans cet article sur l’irrigation, nous prenons comme exemple la vigne (figure 1) pour partager certaines informations sur la gestion d’une irrigation de précision. Une méthodologie développée dans les Pyrénées-Orientales, une région du sud-ouest de la France où les conditions devenues semi-arides depuis plus de deux ans impactent sévèrement l’arboriculture et la viticulture, est présentée.

 

Irrigation de la vigne
Fig. 1 : L’irrigation de conservation permet d’assurer un développement de la vigne et du raisin satisfaisant quand les conditions climatiques deviennent extrêmes et maintenir la pérennité du vignoble (Grenache noir ; photos : Marty P.).

 

Rappelons tout d’abord les besoins en eau de la vigne !

  • Les besoins en eau de la vigne pour son cycle de développement sont en moyenne de 450–550 mm (1 mm = 10 m3 par ha = 1 litre par m2) (Carbonneau et al., 2020)
  • Il faut entre 250–350 litres d’eau au vignoble, du débourrement aux vendanges, pour produire un litre de moût (Deloire et Pellegrino, 2021 ; Williams et Ayars, 2005).
  • 98 % des besoins en eau de la plante résultent de sa transpiration.

Il existe de nombreuses méthodes pour mesurer la teneur en eau des sols, l’état hydrique d’une plante et la demande climatique (figure 2). Cet article de synthèse vise à déterminer quelles variables liées au sol-climat doivent être prises en compte pour planifier une irrigation de conservation dans un climat semi-aride, garantissant la régularité des rendements chez la vigne (au moins 35 hectolitres/hectare) et un profil aromatique du vin acceptable répondant à la demande du marché. Bien que la qualité du vin ne soit pas abordée dans cette publication, elle a également été étudiée en utilisant le principe de la récolte séquentielle, tel que défini par Antalick et al. (2021).

 

Présentation d’une étude de deux ans (2022–2023) sur l’irrigation de la vigne en zone climatique semi-aride

Cette étude a été réalisée dans le cadre du projet de recherche sur de nouveaux modèles agroécologiques dans les régions viticoles de la zone méditerranéenne, créé et financé par le Domaine Lafage, Roussillon, France. Afin de répondre à la pression croissante sur les ressources en eau et d’améliorer les relations hydriques dans le continuum sol-plante-atmosphère (SPAC en anglais), ce projet étudie différentes stratégies agronomiques innovantes, alternatives ou complémentaires à l’irrigation minimale : densité de plantation, choix de nouveau matériel végétal (cépages et porte-greffes), amendements du sol à base de matière organique et biochar, pratiques culturales permettant d’ajuster le rapport fruit/feuilles, notamment, pour n’en citer que quelques-unes. Le groupe opérationnel de ce projet est composé de l’équipe R&D du Domaine Lafage, de l’Institut Agro Montpellier et de la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales.

L’étude, dont les résultats sont présentés dans cet article, a été conduite sur une parcelle en production de Grenache N. (Vitis vinifera L.), greffé sur 110R, située dans l’appellation d’origine protégée des Côtes du Roussillon Villages. Ce site se trouve entre les régions viticoles emblématiques de Rivesaltes, Maury et Tautavel, dans le sud de la France, près de la frontière espagnole. Une modalité irri- guée (IRR) et une...

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