Dr. Olivier Viret
Responsable Centre de Compétence Vitiviniculture, Cultures Spéciales et Protection des plantes
Département des finances et de l’agriculture (DFA)
Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV)
En Suisse, la base de données de l’OFAG répertorie plus de 180 espèces botaniques, dont plus de 80 en culture maraîchère, qui peuvent être touchées par plus de 340 organismes nuisibles, dont 25 mildious, 35 oïdiums et 24 rouilles différentes. Ces maladies et ravageurs imposent des stratégies de lutte plus ou moins intenses pour assurer les rendements et la qualité des denrées alimentaires. Imaginer des variétés tolérantes, voir résistantes relève de l’utopie, bien que cela semble être la seule issue permettant de réduire drastiquement l’usage des produits phytosanitaires.
La vigne subit depuis la fin du 19e siècle les fougues du mildiou, de l’oïdium, du black rot ou du Botrytis et passe, avec l’arboriculture et les cultures maraîchères, pour être parmi les cultures les plus gourmandes en produits phytosanitaires. En Suisse, cette image négative rencontre l’incompréhension du citoyen qui s’approprie volontiers le vignoble comme espace de détente. Le maintien des paysages viticoles uniques dans un pays exigu, dont la population ne cesse d’augmenter, devient un enjeu géopolitique où les exploitations rencontrent de plus en plus de difficultés à couvrir leurs frais de production dans un contexte de baisse générale de consommation du vin. La reprise des domaines n’est plus systématiquement assurée, et ce, par le manque d’attractivité du métier et la pénibilité du travail. Le secteur passe ainsi de crise en crise, soumis aux aléas climatiques et aux caprices météorologiques, impliquant un interventionnisme étatique déjà omniprésent en termes de régulation. Déclassement des vins AOC en 2023 et 2020 (COVID), fin du taux plancher entre le franc suisse et l’euro en 2015, restriction COVID en 2020 et 2021, inflation de +2.8 % en 2022 et de +2.1 % en 2023, contingent tarifaire d’importation de 170 millions de litres, réputé jamais rempli alors que les vins mousseux (23,6 millions de litres en 2023) et le tourisme d’importation (estimé à 20 millions) n’en font pas partie, sont autant d’éléments qui déstabilisent le marché des vins indigènes de manière récurrente.
Dans le canton de Vaud un plan de relance de la viticulture doté de trois axes (production, environnement, promotion) a été déployé à partir de 2020. Le règlement sur les améliorations foncières permet aux structures d’encavage de bénéficier d’aides financières. Le plan phytosanitaire cantonal a permis d’introduire de nouvelles mesures viticoles au profit de l’environnement et de doubler le budget de la promotion durant la première phase de ce plan. L’octroi de ces aides est assorti de la condition de révision des AOC viticoles actuellement en phase de finalisation, en vue d’un nouveau règlement vitivinicole.
Par ces actions, l’Etat de Vaud espère donner un nouvel élan à sa viticulture en fidélisant les consommateurs, non seulement aux paysages exceptionnels de nos vignobles, mais aussi aux produits de la vigne.
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