Dossier viticole

Crise viticole – Les personnalités romandes gardent le cap sur 2026

TEXTE RÉANE AHMAD, PHOTOS OVV / Marion Correvon

La confirmation d’une baisse de 16 % de la consommation des vins suisses en 2024 a provoqué un véritable séisme dans le monde vitivinicole. Sur le terrain, tout le monde ressent les effets de la crise et envisage l’avenir entre incertitudes et espoirs : plus que jamais, il faudra continuer de tirer à la même corde pour rééquilibrer le marché.

Cela n’aura échappé à personne : la baisse de consommation des vins suisses et la crise viticole ont fait couler beaucoup d’encre cette année, amenant leur lot de questions et de craintes. Qu’est-ce qui rend cette situation exceptionnelle ? Quelles facettes présente la crise ? Vers quels segments se tourner pour tirer son épingle du jeu ? Alexandre Mondoux, responsable de l’Observatoire suisse du marché des vins (OSMV) de la Haute école de viticulture et œnologie de Changins, apporte quelques éléments de décryptage (lire aussi l’édito).

 

FORTE BAISSE

En préambule, l’expert rappelle que la baisse de consommation des vins tranquilles n’a rien de nouveau, mais s’établit sur le long terme depuis une vingtaine d’années. Dès lors, qu’est-ce qui a créé une déflagration plus forte que d’habitude dans le milieu vitivinicole ? « Ce qui a étonné, c’est l’ampleur de la baisse de -16 % pour les vins suisses contre -2,7 % pour les vins étrangers, selon les chiffres de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) sortis fin avril », souligne Alexandre Mondoux. Et de préciser que la Confédération publie des estimations comptables basées sur la différence entre le stock et, respectivement, la production pour les vins suisses ou les importations pour les vins étrangers (sans tenir compte du tourisme d’achat, sous-estimé). De son côté, l’OSMV s’appuie sur les ventes de vins suisses chez les huit grands distributeurs : « Dans ce canal, qui représente 39,1 % de la consommation totale de vins suisses et étrangers, la baisse des vins suisses atteint seulement -5,5 % », nuance l’économiste.

 

 

TENDANCE MONDIALE

Si certains acteurs ont été surpris par les chiffres de l’OFAG, il est indéniable que beaucoup ressentent les tensions sur le marché. « Le secteur fait face à une crise abrupte, inhabituelle, car jusqu’ici la situation variait d’une année à l’autre, analyse Alexandre Mondoux. Ce qui marque, c’est la détresse de certains producteurs qui se voient proposer, par exemple, de vendre des appellations AOC en vin de pays ou vin de table à 0,50 centime le litre. » Actif au sein de l’Organisation interna­tionale de la vigne et du vin (OIV), il confirme une tendance similaire aux niveaux européen et mondial, avec de nombreux indicateurs dans le rouge. « Dans la région de Bordeaux, par exemple, on n’arrive plus à vendre suffisamment de vin et on procède à l’arrachage des vignes », illustre-t‑il.

 

 

CONCURRENCE ÉTRANGÈRE

Mais cette crise mondiale suffit-elle à expliquer la situation de la Suisse ? « En théorie, le marché helvétique, et notamment alémanique, est suffi­samment grand. Pourtant, pour les producteurs suisses, c’est la double peine : des coûts de produc­tion élevés qui se répercutent sur les prix de vente et un contexte d’inflation dans lequel le consom­mateur voit son pouvoir d’achat baisser, achète moins ou se tourne vers d’autres produits. » Et la frustration grandit au sein de la branche par rapport au contingent d’importation de 170 millions de litres par an, inchangé depuis 2001, qui n’a d’ailleurs jamais été atteint. « Il est aussi difficile pour des producteurs d’admettre que certains acteurs demandent l’arrachage de parcelles sans diminuer l’importation de vins étrangers », relève Alexandre Mondoux. Sans oublier la récente signature de l’accord de libre-échange entre la Confédération et...

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