ALAIN DELOIRE, RETRAITÉ DE L’UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER, INSTITUT AGRO MONTPELLIER,
CONSULTANT EN VITICULTURE
En explorant le thème des architectures d’origine de la vigne, ne pourrions-nous pas y puiser une inspiration pour la création et l’adaptation de nouveaux systèmes de conduite et de taille, adaptés au contexte du changement climatique en Suisse ?
L’architecture de la vigne est le résultat du système de conduite (géométrie de la plantation, taille et palissage) et de la vigueur (expression végétative) du cépage, y compris le porte-greffe et le système racinaire, si l’on considère l’architecture souterraine. La vigne est une plante grimpante qui, au fil des siècles, a inspiré les vignerons à développer divers systèmes de conduite des ceps. Il est important de souligner la distinction entre les systèmes de conduite et de taille : un cépage conduit en espalier – c’est-à‑dire palissé plan – peut être taillé en cordon (taille à coursons) ou en Guyot (longues baguettes).
Cet article a pour objectifs de :
1. Présenter ce que l’on sait de l’architecture de la vigne à l’époque gallo-romaine ;
2. Illustrer par quelques figures (dessins) des exemples d’architectures de vignes, de systèmes de conduite et de taille au XIXe siècle en France ;
3. Initier une réflexion sur de nouveaux systèmes de conduite et de taille de la vigne susceptibles d’être implantés en Suisse dans le cadre du changement climatique, en s’inspirant des « anciens ».
Les informations et illustrations proviennent d’ouvrages anciens d’auteurs renommés tels que Guyot (1864), Foëx (1888) ou Portes et Ruyssen (1889), pour n’en citer que trois. Nous avons également publié deux articles sur l’histoire de l’architecture de la vigne (Carbonneau et al., 2001 ; Deloire et al., 2001, a, b).
LES SIX GRANDS TYPES D’ARCHITECTURE
L’architecture de la vigne du nord de l’Italie, s’étendant jusqu’à la Toscane, est sans doute la plus diversifiée du monde. Si l’on inclut le reste de l’Italie et la Sicile, on y rencontre probablement tous les types possibles d’architectures.
Frégoni (1991) a identifié, en Italie, deux influences majeures, juxtaposées, qui ne se sont que rarement mélangées au fil du temps :
- L’influence grecque et orientale, en Sicile et dans le sud de l’Italie, est typique des climats méditerranéens secs, où le gobelet constitue la forme architecturale principale (rappelons que le gobelet ne confère pas au cépage une résistance au stress hydrique, mais qu’il s’agit d’un petit système de conduite bien adapté aux terroirs secs).
- L’influence étrusque se manifeste dans les régions plus humides et boisées du nord, où les vignes, plus vigoureuses, étaient conduites...

